Sérigraphie sur voile géotextile. 200 x 120 x 120 cm. 2016. À droite : portraits de Raymond, Lise et Colette en lithographie.
Depuis l’adolescence, je suis fascinée par une histoire de jeunesse racontée par mon père Yvon. Un matin d’hiver, après une grosse soirée, papa dans la jeune vingtaine se rend sur le pont de Québec accompagné de sa copine de l’époque. Souhaitant observer le lever du soleil, tous deux auraient grimpé clandestinement sur la travée centrale de la structure du pont. De toute évidence, j’ai longtemps douté de la véracité de cette histoire extravagante et criante d’exagération. Lorsque je choisis le cours de photographie argentique au bacc. à l’Université Laval, papa me remet les négatifs des photographies qu’il avait prises ce matin-là. Étonnée par l’existence même de ces négatifs, je les retire de l’enveloppe et m’empresse de les observer à contre-jour. Certains sont abîmés. J’arrive enfin à une série de photographies montrant sa copine. La séquence décortique ses mouvements : sur fond de montagnes enneigées, elle se dénude et s’étend sur la structure centrale du pont, sa peau complètement nue sur le toit d’acier. Incroyable, mythique !
Depuis ce jour où mon père m’a remis les négatifs, ces images persistent dans mon esprit et j’ai toujours souhaité m’en inspirer. L’installation a été imprimée en 2016 lors d’une résidence au Centre international de recherche et création en art imprimé XuYuan (Beijing, Chine) à l’occasion du Mois de la francophonie en Chine, où j’ai eu l’honneur de représenter le Québec. Les ateliers ainsi que l’aide technique mis à notre disposition dépassaient l’entendement : écrans de sérigraphie de 9 x 6 pieds, presses hydrauliques… les moyens offerts sur un plateau d’agent par le Centre XuYuan – ou devrais-je plutôt dire sur un plateau d’or ! – étaient le meilleur contexte pour réaliser mon projet.
La même année, Entre deux rives, mon coeur balance a été exposée à la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Chine avec l’installation Ève. L’exposition a tourné dans les villes de Beijing, Nanjing et Jinan, et l’oeuvre est arrivée 4e finaliste sur la sélection de 245 artistes exposés sur 1169 dossiers reçus.
De retour au Québec, Entre deux rives, mon coeur balance a été présentée à Montréal dans l’exposition collective Nouveaux regards sur l’art imprimé à la Maison de la culture Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension. Cette exposition s’inscrivait dans la programmation du Festival des arts imprimés de Montréal FAIMTL coordonné par Arprim, par l’Atelier circulaire et par Zocalo.
Pour lire l’article de Françoise Belu publié dans le Magazine Vie des Arts (numéro 243 – Été 2016) : Exprimer/Imprimer